Présenter Annie Adiogo, la CEO de l'entreprise Glim Africa

Glim Africa : l’entreprise agro-alimentaire qui va changer votre regard sur le niébé

Annie Adiogo a 14 ans quand elle commence à développer une sensibilité autour du mode de consommation des denrées en Afrique. En se baladant dans les marchés de Douala (capitale économique du Cameroun), elle observe que les aliments flétrissent rapidement sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Résultat, on les jette, ce qui représente un gaspillage alimentaire conséquent. Elle rêve alors de créer une usine pour transformer et conserver ces aliments. Un moyen de réduire le gaspillage et de créer des emplois. Des années plus tard, après des études en ingénierie alimentaire, l’idée d’Annie a bien évolué. Elle s’appelle désormais Glim Africa, et est devenue une entreprise agro-alimentaire axée sur l’innovation au service du développement socio-économique de l’Afrique, avec comme projet pilote la fabrication des pâtes alimentaire à base de niébés.[1]

Pourquoi le choix spécifique du niébé pour en faire de la farine ?

Lorsque j’ai décidé de me consacrer à ce projet en fin 2017, je vivais en France depuis plus d’une dizaine d’années. Je suis allée au Cameroun pour étudier l’écosystème entrepreneurial local dans le domaine de l’agroalimentaire. J’y suis restée 3 mois. J’y ai vu de belles initiatives sur le manioc et autres tubercules mais pas de projet sur le niébé, dont je connaissais les qualités nutritionnelles. Je l’ai donc sélectionné ainsi que d’autres graines, pour travailler sur leurs potentiels.

Où et comment as-tu travaillé l’expertise sur la transformation de la graine de niébé en farine

J’ai eu la chance de disposer d’un laboratoire bien équipé au sein du Food Inn Lab, incubateur à start-up Foodtech de l’école d’ingénieurs AgroParisTech en région parisienne. Je faisais venir les graines du Cameroun et réalisais mes essais là-bas. J’y suis toujours incubée car le projet va au-delà du niébé et de la farine.

Les pâtes au niébé de Glim Africa

Les pâtes ne sont pas les produits qu’on consomme le plus sur le continent africain. Pourquoi choisir dans un premier temps la production d’une gamme de pâtes alimentaires ?

Les pâtes restent des aliments du quotidien, au même titre que le riz qui est certes davantage consommé sur le continent. Tout le monde en consomme, petits et grands ; tout le monde aime les pâtes. Elles ouvrent le champ des possibles en matière de design alimentaire (une de mes passions) et de créativité culinaire. J’avais envie que les gens découvrent tout ce qu’on peut faire avec le niébé, avec les pâtes : des recettes culte type pâtes-sauce tomate, aux recettes gastronomiques. J’aimerais qu’ensemble on se prête au jeu d’imaginer des recettes et que nous participions à la création de cette cuisine afro-contemporaine.


Où en est le projet d’installation d’une unité pilote de fabrication des pâtes Glim Africa au Cameroun ?

Nous avons commencé l’installation en Janvier dans la région de Douala. Nous faisons face à de nombreux challenges qui retardent notre lancement ; ils sont surtout d’ordre technique. Ce sont des débuts laborieux pour mon équipe et moi, mais je prends les choses du bon côté car je sais que nous apprenons pour la suite. J’étais Manager de Production en France et une chose est sûre, c’est que je ne veux plus piloter cette activité, mais plutôt accompagner les jeunes ingénieurs avec lesquels je travaille afin qu’ils prennent le lead. J’ai la chance de travailler avec des personnes géniales.

Où peut-on se procurer tes pâtes de niébé ?

Nous n’avons pas encore fini notre installation donc les produits ne sont pas disponibles sur le marché. Nous prévoyons un lancement en début juillet notamment lors du SIALY 2021 à Yaoundé, premier événement lors duquel nous avions présenté les produits, qui étaient des prototypes, il y a 2 ans.

Quelles sont les autres activités de Glim Africa ?

Justement je désire me reconcentrer sur les activités de recherche & développement de produits en France. Il y a plusieurs projets en cours. J’ai hâte de les finaliser et de proposer davantage de solutions innovantes sur le marché.  

Les pâtes de niébé de Glim Africa

Vous faites de la R&D sur les produits africains d’avenir. As-tu des premières pistes ou conclusions à nous partager ?

Il y a beaucoup de potentiel dans les produits africains et ils peuvent être une réponse à l’échelle planétaire, face à la nécessité de diversifier les apports alimentaires et de réduire la consommation de denrées d’origine animale. Cependant, il y a peu de données sur nos aliments. Il faut construire la documentation scientifique, ça nécessite des moyens matériels et humains significatifs. Ce n’est donc pas facile pour un entrepreneur de se lancer là-dedans. Il faut pouvoir avoir accès à des subventions, ce qui semble compliqué en Afrique.

Vous avez la chance de travailler avec le chef Christian Abegan, infatigable ambassadeur du patrimoine culinaire africain depuis plus de 30 ans. Quel est son rôle dans le projet ?

Le chef Abegan est un passionné. Il fait de la recherche sur les aliments d’Afrique depuis plus de 30 ans. C’est ce qui nous réunit. Il a des connaissances sur les différentes cuisines d’Afrique et sur leur technicité, qui nous orientent dans nos recherches. Enfin, lorsqu’il se met en cuisine, c’est juste waouh !!! On a besoin de voir nos aliments d’Afrique, exprimés en toute simplicité et sublimés dans leur identité. Merci Chef !!!

[1] Variété de haricots de couleur blanche avec un point noir au centre. On les appelle aussi haricot cornille ou black eyed peas

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