Nudrige Delia: “ J’ai lancé une marque de bouillons en étant au RSA. Ça veut dire que tout est possible”



En 2014, Nudrige Delia remarque qu’il n’existe aucun restaurant Haïtien dans l’Est Parisien. Elle commence alors à se dire vaguement qu’il serait intéressant de monter un business de livraison de cuisine haïtienne dans la zone. Lors d’un séjour de 2 ans en Australie, Nudrige fait goûter ses plats haïtiens à son entourage. Carton plein ! Les retours sont positifs, et l’idée de faire livrer aux parisiens des plats de son pays se confirme. En Avril 2019, cette passionnée de cuisine et de voyages, lance KA’YITI FOOD, qui défend une cuisine haïtienne saine, authentique, colorée, délicieuse et gourmande.



KA’YITI FOOD c’est la première marque de bouillons naturels Haïtiens. Comment et pourquoi as-tu décidé de te lancer sur ce créneau ?


Ça vient d’un ras le bol. Je cherchais des bouillons sains en vain , et aucun établissement n’en proposait.

Même les bouillons bios que j’avais l’habitude d’utiliser n’étaient pas bons car le glutamate, cet ingrédient nocif, était caché sous différents noms. (NDLR: Le glutamate est un additif alimentaire utilisé comme exhausteur de goût)Je l’ai appris moi-même après des recherches très poussées.

Les bouillons de KA’YITI FOOD


Ces cubes sont les conséquences de maladies cardiovasculaires, tuent nos parents, nos familles et notre génération à petit feu car plus on en mange, plus on a envie d’en manger. Ce sont des substances qui rendent l’organisme accro.


Il était temps de déconstruire cette fausse croyance selon laquelle “sans le cube, le plat n’a pas de goût”. Je veux montrer à la communauté afro-caribéenne qu’il est possible d’avoir du goût avec des bouillons 100% naturels. Je souhaite à travers ma cuisine inciter les français à manger sainement pour préserver leur santé, être en meilleure forme physique, tout en se faisant plaisir car les plats sont succulents.

A l’origine, KA’YITI FOOD c’était un service traiteur et un service de restauration rapide. Ces services sont-ils encore actifs aujourd’hui ?


Non, j’ai arrêté ces activités pour le moment. Le COVID a ralenti pas mal de choses. Ceci dit, j’ai repris les recherches d’un local commercial qui, j’espère, pourra prochainement vous accueillir.
Entre l’idée et le lancement, ça m’a pris un an et demi avant de lancer la marque. J’ai commencé pendant le confinement, avec un petit matériel « domestique » que j’avais acheté sur une marketplace à 20 euros. Je n’avais pas encore de recettes. Je testais plusieurs combinaisons pour trouver un équilibre dans mes ingrédients. Après plusieurs essais, j’ai enfin obtenu cet équilibre que je cherchais.

Lancer une marque de bouillon pendant le COVID… Comment tu as fait ? Quelles ont été les étapes ?

Ensuite, j’ai publié la recette sur les réseaux sociaux pour inciter mes abonnés à la reproduire. Ce n’est qu’en Septembre 2020 que l’idée de vendre des bouillons est apparue. J’ai réalisé un questionnaire afin de savoir si les gens étaient intéressés. J’ai obtenu plus de 85% de personnes intéressées.

En octobre, j’ai réalisé un jeu-concours pour faire tester mes bouillons. Vingt personnes parmi mes abonné(e)s ont été choisies. Le reste c’était la famille et les amis. Au total ,j’étais sur un échantillon de 50 personnes. Les retours autour de cette opération étaient très bons.. Cela m’a encore plus boostée : les choses sérieuses commençaient. J’ai pris le temps de peaufiner mon positionnement. Je voulais une marque moyen de gamme.

Par conséquent, il fallait produire un site de qualité, assurer une traçabilité des produits, avoir des pots en verre pour rester cohérente avec la démarche écologique que je porte, analyser les bouillons dans un laboratoire ( tests d’hygiène, bactéries, tests pour fixer la DLUO*, etc.). Tout cela m’a pris 8 mois. Ce fut long mais le travail a payé. J’étais en rupture de stock une semaine après mon lancement !

Découvrez Sandrine Oreste, à la tête d’un service traiteur Haitien


Quel a été ton plus gros challenge au moment de lancer la marque ?


Honnêtement ça a été le fait d’oser quitter mon poste de Responsable Textile dans une grosse enseigne, alors que j’avais une stabilité financière. Je l’ai fait parce que je n’étais pas épanouie. Il a fallu repartir à zéro, et lancer une marque en étant au RSA. Cela prouve que c’est possible. Je trouve mon expérience motivante et encourageante pour toutes les femmes qui hésitent à entreprendre. Se remettre en question et ne pas rester sur ses acquis. Viser l’excellence et la détermination. Oser, travailler, et surtout, ne pas abandonner.

Quelles sont les étapes essentielles à traverser quand on décide de créer une marque d’épicerie ?

J’ai la chance d’être accompagnée par des professionnels pour mon projet. Je vais donc vous partager un aperçu de leurs conseils. Déjà, il faut bien définir son concept et l’univers de sa marque.
Puis trouver la mission que l’on souhaite s’attribuer : Que cherche t-on à apporter? Que veut-on changer sur le marché?
Une fois que l’on a le cadre, on peut affiner le contenu à savoir le positionnement, la cible, la concurrence, la mission.

Posez-vous toujours ces questions basiques du marketing : pour qui? Pourquoi? Quoi? Comment? A quel endroit on distribue ?Une fois que vous avez tout ça, il faudra bien sûr trouver un nom à votre marque. Si vous pouvez, réfléchissez en amont au budget que vous pouvez injecter si cela est possible, ou alors aux financements que vous pouvez obtenir.

Les bouillons KA’YITI FOOD


Sur tes réseaux sociaux, tu racontes l’histoire des plats. Quel est le plat haïtien le plus emblématique pour toi et quelle est son histoire ?


Pour moi c’est le riz djon djon, un plat d’exception qu’on retrouve uniquement en Haïti, traditionnellement cuisiné dans les foyers haïtiens pour des occasions spéciales (baptême, mariage, anniversaire…).La particularité de ce plat est le djondjon, le champignon noir séché, typique d’Haïti. Étant un produit rare, il pousse dans ce qu’on appelle le BOL À PAIN, une région montagneuse entourant la fertilité de la vallée de l’Artibonite, située dans le Nord du Pays. Il est récolté à la main pendant la saison des pluies, d’Août à Octobre.


Si j’arrive à Port-au- Prince, quel serait le premier endroit où tu m’emmèneras manger ?


Je ne connais pas trop Port-au-Prince, donc je t’emmènerai plutôt aux Cayes, ma ville natale, plus précisément à la ”plage Gelée”. Elle est parmi les plages les plus longues et les plus fréquentées en Haïti, et appréciée pour son magnifique sable blanc.
Ensuite, on ira déguster des plats typiques de la cuisine du Sud d’Haïti tels que le tonmtonm, du lanmi (conque), du homard et des poissons grillés.
Puis, on regardera le coucher de soleil, car la ville des Cayes est célèbre pour ses magnifiques levers et couchers de soleil.
Super programme ! 😉


A qui s’adresse ta marque de bouillons et comment tu te projettes dans les 2 prochaines années ?


Ces bouillons conviennent à tous types de régimes alimentaires, qu’on soit flexitarien, végétarien, végétalien ou intolérant(e) au gluten.
Je me positionne sur un marché moyen de gamme. Tout le monde ne voudra pas mettre 5 ou 6 euros dans un bouillon, mais comme je le dis toujours, les produits de bonne qualité pour la santé n’ont pas de prix.

Ces bouillons s’adressent à toutes les personnes qui veulent manger sain. Dans deux ans, j’aurai mon local commercial avec la partie épicerie fine.
En plus de tout ça, on pourra acheter mes bouillons dans les épiceries sélectives, des épiceries éthiques qui promeuvent la cuisine saine avec une démarche écologique.

Retrouvez les bouillons de Ka’yiti Food aux Galeries Lafayette du 10 au 16 Novembre


*Date limite d’utilisation optimale

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