La soupe joumou est intimement liée à l'histoire de Haiti

La soupe joumou : un symbole fort de l’indépendance haïtienne

Une recette relativement simple, un plat qui unifie toute une nation : c’est le rôle de la soupe joumou dans l’histoire de la révolution haïtienne ! Quand on parle d’un bol de soupe, on met rarement le mot «indépendance» dans la même phrase ; mais la «soup joumou» est une (belle) exception. 

Sur les traces de Marie-Claire Dessalines 

L’histoire de cette soupe chère aux traditions haïtiennes remonte à plus de deux siècles. Le 1er janvier 1804, l’indépendance de la République d’Haïti est déclarée par Jean-Jacques Dessalines, un ancien lieutenant de Toussaint Louverture. Le même jour, son épouse Marie-Claire Dessalines organise une grande soupe populaire pour unifier la population de cette nouvelle nation. Elle fait préparer plusieurs chaudrons de soupe joumou ou soupe giraumon, un plat longtemps consommé par les anciens maîtres blancs de l’île… et catégoriquement interdit aux esclaves.

On ne peut pas comprendre l’importance de la soupe joumou sans comprendre l’initiative de Marie-Claire Dessalines. À la sortie d’une guerre qui a laissé Haïti exsangue et divisée, Marie-Claire comprend l’importance de réunir les gens autour d’un symbole commun. Et quoi de mieux qu’un repas pour y arriver ? Encore aujourd’hui , la soupe joumou est consommée tous les 1er janvier sans faute par les habitants de Haïti et la diaspora par delà le monde, en commémoration de ce jour important de leur histoire. Alors bien joué, Marie-Claire ! 

La soupe joumou décryptée par Bayyinah Bello

On doit de nombreuses précisions sur la soupe joumou au travail de Bayyinah Bello. Cette historienne, écrivaine, et professeure haïtienne basée à Port-au-Prince a épluché les écrits de Mme Dessalines. 

Elle a ainsi exhumé les mémoires d’une femme longtemps cachée dans l’ombre de son époux alors que sa bravoure n’avait rien à lui envier. C’est grâce à elle que l’on sait que Marie-Claire Dessalines a eu l’idée de proposer gratuitement cette soupe à tous comme symbole d’union et de liberté. La soupe joumou est également appelée soupe giraumon, du nom de la variété de potiron qui constitue son ingrédient principal. Ce potiron local des Antilles était savamment cultivé par les esclaves, mais ils n’avaient pas le droit d’en consommer.

Giraumon, variété de potiron des Antilles

Briser cet interdit en partageant la soupe joumou avec tous était donc un geste symbolique fort. Bayyinah Bello a également découvert que le giraumon ne donnait pas seulement un goût onctueux à cette soupe ; il apportait également une valeur nutritive non négligeable, efficace pour survivre aux longues pénuries de nourriture qu’Haïti devait subir. Comme l’indique Mme Bello, la tradition de la soupe joumou est donc importante. Elle sert à la fois de commémoration et de tradition culinaire unifiante pour un peuple qui ne cesse de nous (ré)apprendre le sens du mot “résilience”. 

Une tradition, plusieurs recettes

La recette originale de la soupe joumou ne contenait que des légumes : du giraumon, de la carotte, des pommes de terre et de l’igname, entre autres. Selon Bayyinah Bello, Marie-Claire Dessalines y a rajouté du riz pour la rendre plus consistante. De nos jours, la plupart des gens y ajoutent également du bœuf. C’est donc une recette qui a évolué mais dont la consommation n’a jamais cessé. Même s’il y a autant de soupes joumou que de personnes qui la cuisinent, ce plat continue de réunir familles et amis, chaque 1er janvier, et même chaque dimanche pour certains gourmands. 

La soupe joumou fait partie du patrimoine culinaire des haïtiens et ils y tiennent beaucoup – alors si l’idée vous vient un jour de critiquer ce plat, faites-le loin de leurs oreilles. 

Cette histoire est l’une des nombreuses preuves que la cuisine, si triviale soit-elle, est toujours un bon moyen de partage, de reconnexion et même d’apprentissage. Maintenant que vous savez tout sur la soupe joumou, vous pouvez aller frimer en société ou vous faire de nouveaux amis Haïtiens 😉 

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