Ces plats de fête issus des traditions culinaires africaines qu’on retrouve sur les tables des afros d’Amérique Latine.
Qui dit fêtes de fin d’année, dit bien souvent traditions culinaires à partager en famille et/ou entre amis. Pendant que certains en profitent pour prendre l’avion et retrouver leurs proches, nous avons décidé de nous intéresser à ces plats qui connectent et rapprochent la diaspora, notamment à ceux que l’on retrouve sur les tables des communautés afros d’Amérique Latine.
En entrée, des mets ingénieux et pleins d’histoire !
Pour ouvrir l’appétit, on commence avec une assiette de sangrecita de pollo ! Ce plat péruvien, dont la composition a l’air peu ragoûtante, est en fait un mets délicieux qui rappelle un pan souvent oublié de l’histoire péruvienne. Similaire au boudin noir, il est fait à base de sang de poulet cuit auquel on rajoute des oignons, de l’ail, des épices, et parfois du manioc ou de la pomme de terre. À l’époque de la traite négrière, les africains qui échouent sur les côtes péruviennes trouvent un moyen de transformer les abats d’animaux comme le poulet, en plats nutritifs, riches en fer et excellents pour lutter contre l’anémie, y compris chez les enfants en bas âge et les femmes enceintes. Alors qu’ils n’ont droit qu’aux restes des maîtres, cette recette est une solution pour survivre.
Dans le même registre, la hallaca vénézuélienne est un plat typique de Noël qui a initialement été pensé par les communautés afro et indigènes pour utiliser de façon intelligente les restes des colons espagnols. À base de pâte de maïs fourrée de bœuf, de porc, d’olives, de poivrons et de raisins secs, elle est enrobée dans une feuille de bananier – comme un cadeau ! Ces mets font désormais partie du patrimoine culturel de leurs pays respectifs mais rappellent l’implication des communautés afro-descendantes dans l’histoire latino-américaine.
Découvrez comment l'Afrique a influencé une partie de l'héritage culinaire américain
Des plats de résistance qui portent bien leurs noms
On ne peut pas parler des traditions culinaires afro-latines sans passer par le Brésil. C’est le pays non-africain où on retrouve la plus grande population afro-descendante (120 millions de personnes soit 56% de la population, très largement devant les États-Unis !) et cela influence tous ses aspects culturels, à commencer par la cuisine. La feijoada brésilienne, également populaire au Mozambique, en Angola ou encore au Cap-Vert, est LE plat toujours présent lors des rassemblements. Ce ragoût de haricots noirs et de viande accompagné de riz blanc est un plat que les classes brésiliennes défavorisées, très majoritairement composées d’afrodescendants, ont initialement concocté pour nourrir de grandes familles à prix réduit et ainsi survivre malgré des conditions très dures.
Le plat a beaucoup évolué entre temps et est devenu un symbole de la diversité du Brésil, mais nous n’oublions pas ses humbles origines.
Du côté de Puerto Rico et de la République Dominicaine, on a le mofongo, à base de bananes plantain écrasées mélangées à de l’ail, du porc ou des fruits de mers et largement hérité des traditions culinaires africaines. Populaire dans toutes les Caraïbes, la banane plantain rappelait leurs racines aux communautés afro-descendantes. Aujourd’hui, elle est souvent revisitée pendant les fêtes.
Un autre ingrédient souvent revisité par les communautés afro-latines est… le gombo ! Appelé par exemple quimbómbo à Cuba, il est souvent préparé et consommé avec des boulettes de banane plantain, du porc et de la sauce tomate. Le gombo est un légume parfait pour la période des fêtes car abondant et facile à cuisiner en sauce pour toute la famille.
Comme quoi, certains ingrédients sont juste irremplaçables, peu importe de quel côté de l’Atlantique on se trouve !
Découvrez l'histoire de la soupe joumou, qui symbolise la résistance de Haïti face aux colons
Pour le dessert : du sucre, des épices et des tas de bonnes choses
Les buñuelos colombiens sont un incontournable de la période de Noël et ressemblent à s’y méprendre aux beignets que l’on retrouve à la sortie de l’école à tous les coins de rues africains. Chauds et sucrés, faits à base de haricots ou de farine de manioc, ils sont souvent consommés en Colombie avec du café ou du chocolat chaud, pour bien commencer la journée ou bien terminer le repas. À Cuba, c’est le turrón de mani que l’on déguste joyeusement en dessert. Composé de cacahuètes et de pâte caramélisée ou au miel, croquant à souhait et plutôt facile à faire, il est popularisé à Cuba par les communautés noires et associé à la prospérité et au partage.
La cacahuète quant à elle est un ingrédient largement utilisé par les communautés afro-descendantes. Bien qu’elle soit originaire d’Amérique du Sud ! Importée en Afrique par les portugais au milieu du 16e siècle, sa culture se popularise très vite et elle s’intègre ainsi dans les habitudes culinaires africaines.
Qu’ils soient à base de haricots, de plantain ou de cacahuètes, ces mets dégustés par les communautés afro-latines nous ramènent au lien fort qui les unit à la Terre Mère malgré les kilomètres qui les séparent. De quoi rappeler l’importance de célébrer ce qui nous rassemble, avec nos proches et même nos moins proches. L’Esprit de Noël, il paraît 😉